Plus difficile à maîtriser que la peinture à l’huile ou l’acrylique, l’aquarelle doit être pratiquée en respectant certaines étapes clés. De l’observation à la colorisation en passant par la construction au dessin, chaque stade est essentiel pour obtenir le résultat souhaité. Embarquons pour une balade au fil du crayon et du pinceau…
Une construction qui demande beaucoup de patience
L’aquarelle est un art qui, bien que permettant une grande liberté d’expression, nécessite une certaine rigueur et de l’organisation pour obtenir des résultats convaincants. Un processus structuré permet non seulement de gagner en efficacité, mais aussi d’améliorer la qualité et la cohérence de l’œuvre finale.
Nous allons voir les 5 étapes essentielles au travail de création à l’aide d’un exemple concret : la réalisation d’une aquarelle d’après un modèle réalisé à la peinture à l’huile. « J’ai pris comme modèle une peinture réalisée voici plusieurs années par mon père Jean-Claude Duboil. Ce tableau d’un format 70×50 cm représente une vue de Marrakech au début du 20e siècle », explique Jean-Pascal.
Étape 1 : L’observation et la préparation du travail
Il est inutile de se précipiter lorsque l’on débute une aquarelle. « Pour moi, l’aquarelle c’est avant tout l’art de l’observation et de la patience… », confie Jean-Pascal.
Le temps d’observation et d’analyse de notre sujet est un moment important afin d’évaluer le travail que l’artiste va devoir accomplir.
Dans notre exemple, l’étude de la peinture représentant la Place Jemaa el Fna à Marrakech a permis de voir comment était composé le tableau. Où se situe la ligne d’horizon, quelles sont les différentes masses représentées, la tonalité, l’ambiance… Cette phase d’observation permet aussi de canaliser son impatience.
Étape 2 : La construction du dessin
Étroitement liée à la phase précédente, l’étape 2 demande de la discipline dans la composition de notre dessin. Le dessin est une sorte de puzzle que l’on va construire en plusieurs temps. « Je trace toujours la ligne d’horizon afin d’avoir une ligne de repère pour tous mes premiers traits. Lorsque le sujet est imposant, je trace les masses des principaux éléments du dessin en m’aidant éventuellement d’un quadrillage ».
L’une des principales difficultés réside dans le tracé des proportions de chaque sujet qui compose le tableau. « L’astuce quand on dessine un sujet avec beaucoup de détails est de savoir se détacher régulièrement de son dessin en faisant des mini pauses. Il est nécessaire que notre œil se déshabitue de notre dessin pour mieux percevoir les erreurs éventuelles que l’on pourrait commettre sur notre esquisse. »
Étape 3 : La douce pose des premières teintes
Le propre de l’aquarelle est d’apposer les teintes les plus claires puis de contraster nos couleurs au fur et à mesure. Si nous colorons trop vivement l’ensemble de notre aquarelle dès le démarrage alors il sera « quasi » impossible de l’éclaircir. Cela impactera la transparence de l’aquarelle.
En aquarellant avec des couleurs relativement claires, on va créer une tonalité d’ensemble et surtout on préserve les zones claires garantes de la luminosité finale. « Pour obtenir des couleurs claires, l’eau joue un rôle essentiel. On diluera donc chaque couleur avec beaucoup d’eau. Cela permet aussi de corriger une éventuelle erreur en délayant voire en absorbant la couleur en cause ».
On pourra travailler chaque zone en les humidifiant puis en venant perdre une à deux couleurs qui pourront se mélanger et créer des effets. C’est notamment la technique employée pour les arbres dans l’aquarelle de Marrakech.
Étape 4 : Le développement des détails et des textures
Après avoir posé les lavis de base et établi les zones d’ombre et de lumière, il est temps de se concentrer sur les détails et les textures pour donner vie à notre aquarelle.
« Pour donner du relief à notre aquarelle, on va accentuer les contrastes et les ombres en utilisant des couleurs plus foncées et en renforçant les zones d’ombre. Cette étape permet de créer une impression de volume et de tridimensionnalité dans notre composition ».
Il est conseillé de commencer par les sujets qui sont à l’arrière-plan pour finir par le premier plan qui sera toujours plus contrasté et détaillé.
On prêtera attention aux éléments clés de notre composition, tels que les textures des objets, les motifs et les reflets. « Lorsque je viens de peindre un motif avec une couleur, je répète cette couleur sur un ou plusieurs motifs par des petites touches ? Cela contribue à créer une certaine harmonie de notre tableau… ».
Nous veillerons à ne pas trop surcharger notre aquarelle de détails inutiles, mais on se concentrera sur les éléments qui apportent de la valeur à notre composition et qui guident le regard du spectateur.
Étape 5 : Finitions et évaluations globales
La dernière étape du processus de création d’une aquarelle consiste à apporter les finitions et les retouches finales pour parfaire notre composition. Cette étape est essentielle pour peaufiner notre aquarelle et garantir sa cohérence et son harmonie.
On contrôlera l’équilibre des couleurs et des contrastes : « Je prends du recul afin d’observer l’aquarelle dans son ensemble. Je vérifie que les couleurs sont bien équilibrées et que les contrastes entre les zones claires et foncées sont suffisamment marqués pour créer de la profondeur et du volume. Si nécessaire, j’ajuste les couleurs ou les contrastes en ajoutant des couches supplémentaires de peinture (lavis ou glacis) ».
Enfin, on gommera les coups de crayons de notre esquisse puis on apposera notre signature qui permet de mettre un point final à notre travail.
À vos crayons et à vos pinceaux…